Un photographe de renommée mondiale à Agadir !
Pendant 6 mois, du 2 avril au 30 septembre, CrocoParc nous invite à vivre sous un majestueux ficus de son espace exotique un face à face avec les "Hommes Fleurs" sublimés par les photos du photographe allemand installé en Provence depuis 50 ans, Hans Silvester, Officier de l’Ordre National Français des Arts et des Lettres depuis 2012.
Genèse du projet
CrocoParc, outre sa vocation de parc animalier et exotique, veut être un espace d’échanges culturel, artistique et scientifique ouvert à tous. Luc Fougeirol, son concepteur, va jusqu’au bout de ses rêves. L’un de ses rêves, justement, était de faire venir à Agadir son ami Hans Silvester (ils se connaissent depuis 20 ans) pour offrir au public la possibilité de découvrir les portraits magnifiques de ces peuples de l’Omo qu’il a su mettre en lumière, de s’étonner, de s’exclamer, de s’extasier devant le talent du photographe et le talent de ces Ethiopiens qui font vivre encore aujourd’hui un art ancestral proche de l’art contemporain. Ce rêve va devenir réalité !
Qui est Hans Silvester ?
Né à Lörrach, Allemagne, le 2 octobre 1938, Hans Silvester reçoit de ses parents son premier appareil photo en cadeau pour ses 14 ans. Il se passionne immédiatement pour le 8ème art ! Rapidement, son amour du voyage l’orientera vers le reportage. D’ailleurs, le succès fulgurant de son grand reportage sur la Camargue légendé par des textes de Giono lancera sa carrière en 1960. En 1977, il contribue activement à la création de GEO Magazine et publie dans le premier numéro un reportage sur un village basque. A force de sillonner la planète, il devient un grand défenseur de l’environnement, un véritable militant écologiste. Il a notamment documenté tous les parcs naturels d’Europe et dénoncé les ravages de la déforestation en Amazonie. A la fois photographe animalier et humain, Hans Silvester est un chroniqueur de traditions vivaces (cerf-volant, épouvantails…) et a publié des livres passionnants. Encore en activité, on lui doit un récent témoignage sur les femmes du désert. A 68 ans, venu en Ethiopie à la faveur d’un reportage sur "Lucy", notre femme ancêtre de six millions d’années, il emprunte les pistes qui s’ouvrent devant lui et va découvrir des peuples qui le subjugueront.
Les Peuples de l’Omo, génies de la création à base de végétaux et de pigments naturels
Dans le Rift, là où se rejoignent Éthiopie, Kenya et Soudan, à trois jours de piste d’Addis-Abeba, coule le fleuve Omo... Sa vallée est ensanglantée par les conflits incessants entre les 20 tribus qui y vivent loin de tout. Elle souffre du trafic de l’ivoire et des armes. Hans Silvester s’est plus particulièrement intéressé aux Surma et aux Mursi, peuples amis. Plus de 30 fois il est allé à la rencontre de ces hommes, femmes, enfants, vieillards, véritables génies de la peinture et de la décoration corporelle, établissant avec eux une exceptionnelle relation de confiance et de complicité : " A la bonne distance, ils regardent droit dans l’objectif, dégagent ce qu’ils sont, sans poser, comme ces photos de mes aïeux."
Chez eux, pas d’écoles, de courants, de rites, pas de signification religieuse comme en Amazonie, pas de code ancestral comme chez les Aborigènes ; seulement le bonheur de se décorer et d’être beau. De façon totalement spontanée et libre, ils plongent leurs doigts dans la glaise et, d’un geste vif, se recouvrent habilement corps et visage de dessins variés d’ocre jaune, d’ocre rouge et de blanc, faisant ainsi naître un Picasso, un Pollock, un Klee... Ils sont maîtres dans l’art de créer des parures extravagantes avec des fleurs, des feuilles, deplumes ou tout autre élément qui les inspire. Un étranger assistant à cette création sera encore plus stupéfait quand il verra son auteur plonger dans l’eau en riant, effaçant ainsi son œuvre. Oui, ces peuples rendent hommage à la nature dans laquelle ils vivent en parfaite harmonie et leur rapport à l’esthétique et à l’éphémère est fascinant !
Le talent d’Hans Silvester est de nous révéler en images la poésie de cette société menacée par l’arrivée des touristes, la modernité et la violence des Kalachnikov.
En voir plus : à vous tous qui n’aurez pas la chance de venir voir cette exposition, Made in Agadir donne le lien d’une exposition virtuelle de ces tableaux vivants réalisés par Hans Silvester. Vous pouvez aussi vous plonger dans les deux tomes de son ouvrage intitulé Les peuples de l’Omo.
Texte Isabelle de Balathier
Photo DR Hans Sivester