Le Manneken Pis : un symbole belge
Le Manneken-Pis est l’un des monuments belges les plus connus. Aucun touriste n’échappe à sa photo devant la fameuse fontaine. Mais celui que l’on appelle en français “le gamin qui pisse”, inspire de nombreuses légendes, a été plusieurs fois volés et dispose d’une grande garde-robe. Reportage.
L’histoire
Le Manneken-Pis est une statue de 61 centimètres représentant un enfant en train d’uriner. Il se trouve à deux pas de la Grand-Place, dans le quartier Saint-Jacques, à l’intersection de la rue de l’Étuve et de la rue du Chêne. On retrouve trace de cette fontaine dans l’histoire, une première fois en 1388, sous le nom de “Petit Julien” (Julianekensborre). Ce n’est qu’en 1451 qu’on lui attribue le nom de Manneken-Pis. L’oeuvre actuelle en bronze a été réalisée par Jérôme Duquesnoy en 1619. Si à l’époque, il ravitaillait la cité en eau potable, aujourd’hui, il est l'emblème de l’humour bruxellois - la zwanze - et d’un esprit de contestation et d’insouciance qui colle avec le caractère des habitants de la capitale.
Les légendes
Tout monument historique a ses légendes, le Manneken-Pis confirme la règle. Au total, quatre histoires différentes circulent sur ses origines, toutes invérifiables. La première date de 1142. À l’époque, le duc Godefroid III de Basse-Lotharingie était un enfant au berceau quand ses vasseaux engagèrent la bataille de Ransbeke. Pour donner du courage aux troupes, le berceau fut accroché à une branche d’un chêne. Alors que l’escadron était en mauvaise posture, l’enfant se leva et urina. Cet acte redonna courage aux soldats qui finirent par l’emporter. La statue perpétuerait le souvenir de la victoire, quant à sa situation dans la rue du Chêne, cela rappellerait l’arbre auquel le berceau était accroché. La deuxième légende raconte qu’un enfant aurait éteint en urinant la mèche d’une bombe qui menaçait d’exploser dans la ville. Une autre histoire explique qu’un père qui croyait son enfant disparu, l’aurait retrouvé en train d’uriner.Enfin, la dernière légende indique qu’un enfant avait pour habitude d’uriner sur la maison d’une sorcière. Cette dernière souhaitait figer le petit garçon, mais un homme Saint mit une statue du petit garçon à la place.
Les vols
La sculpture fut cachée, une première fois lors du bombardement de la ville en 1965, puis remise en triomphe sur son socle. Une phrase de la Bible fut inscrite au-dessus : “In petra exaltavit me, et nunc exaltavi caput meum super inimicos meos” (le Seigneur m’a élevé sur un rocher de pierre, et maintenant moi, j’élève ma tête au-dessus de mes ennemis). Puis vint le tour des vols. En 1745, des soldats anglais emmènent le Manneken-Pis jusqu’à Grammont, où les habitants de cette ville aidèrent les bruxellois à la récupérer. Ces derniers en guise de remerciement leur offrir une réplique de la statue. Deux ans après, c’est au tour des soldats français de s’emparer de la statue. Devant un tel tollé, Louis XV offrit un habit et décora l’oeuvre d’une croix de Louis XIV. En 1817, nouveau vol par le forçat Antoine Licas qui fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. En 1963, après un nouveau vol, le Manneken-Pis se retrouvât à Anvers. Enfin, dernier enlèvement en 1965, la statue fut brisée et il n’en restait que les pieds et les chevilles. Mais deux ans plus tard, le corps fut retrouvé.
Véritable figure de la Belgique, le Manneken-Pis est aussi habillé suivant les évènements de l’année (voir photos ci-dessous). Sa première tenue fut offerte par Maximilien-Emmanuel de Bavière, gouverneur des Pays-Bas espagnol en 1698. Aujourd’hui, la garde-robe de l’enfant qui urine ferait pâlir n’importe quelle fashion victim puisqu’elle compte pas moins de 883 costumes.
Texte Julien Antinoff
Photo DR