Quand le talent se fait bruxellois
Les Bruxellois ne se contentent pas d’être accueillants, bons vivants et terriblement attachants, il sont aussi très talentueux. Prenant grand soin de ne jamais trop se prendre au sérieux, se gardant de tout conformisme, ils ont éclairé différentes disciplines artistiques à coups de crayon novateurs, de tableaux surréalistes, d’élégance et d’impertinence et d’oeuvres littéraires à succès. En voici la preuve par quatre.
Hergé
Georges Rémi dit Hergé, est né à Etterbeek ,le 22 mai 1907. Considéré comme le père de la bande dessinée européenne, le créateur de Tintin est un dessinateur autodidacte doté d’une grande mémoire visuelle et d’une curiosité insatiable. Très libre dans l’exécution de son travail, marqué notamment par le mouvement Art déco, il va peu à peu trouver son propre style. C’est en janvier 1929, que les aventures de Tintin voient le jour, dans un supplément du journal destiné à la jeunesse, Le Petit Vingtième où Hergé est dessinateur depuis 1924. Le créateur des Exploits de Quick et flupke, des Aventures de Jo, Zette et Jocko, qui travailla dans la publicité comme affichiste, reste à jamais uni à son alter ego, devenu le Belge le plus connu au monde. Homme complexe et paradoxal, sujet aux épisodes dépressifs, Hergé n’en gardait pas moins un sens de l’humour très bruxellois. Ainsi, lors de son mariage avec Germaine Kieckens, il signa Tintin et invita son épouse à signer au nom de Milou. Surprenant, déroutant et étrangement ironique. Le très beau Musée Hergé, situé à Louvain-la-Neuve, invite à une balade passionnante dans la vie et l’oeuvre de cet homme, qui garda jusqu’à la fin de sa vie une grande part de mystère.
Photo : Grand Palais
Magritte
La vocation d’artiste de René Magritte, né le 22 novembre 1888, s’affirme définitivement, quand en 1924, alors qu’il fréquente le mouvement Dada, il est profondément ému par une toile de De Chirico. Véritable révélation pour l’artiste, il quitte son emploi à l’usine de papiers peints, séjourne brièvement à Paris et à son retour à Bruxelles, il s’installe à son compte et crée différents projets pour des théâtres, des films ou des sociétés automobiles. C’est en 1926, qu’il peint “Le jockey perdu”, sa première toile surréaliste. Entre 1927 et 1930, Magritte séjourne dans le Val-de-Marne et collabore avec les surréalistes français. Dans les années qui suivent, il expose à New-York, Londres et réalise la couverture d’un ouvrage d’André Breton. Au cours des années 1940, il connaît deux périodes essentielles : “le surréalisme au soleil” où il utilise la technique des surréalistes et sa “période vache” où il peint une quarantaine de tableaux et de gouaches aux tons criards en l’espace de six semaines. Les décennies 1950-1960, sont consacrées au travail sur la répétition et les grandes images magrittiennes qui feront son succès. Il meurt à l’âge de soixante-huit ans, le 15 août 1967, chez lui, à Bruxelles. Le musée qui lui est dédié dans la capitale belge, rassemble la plus importante collection au monde de tableaux, gouaches, dessins et sculptures de l’artiste. Toutes ses oeuvres, incarnent à la perfection, le pas de côté surréaliste, qu’aiment prendre les Bruxellois avec leur quotidien.
Photo : Magazine Belles Demeures
Audrey Hepburn
Audrey Hepburn est née le 04 mai 1929, à Ixelles, dans une famille d’aristocrates. Elle connaît une jeunesse dorée, voyage énormément, s’adonne à la danse, l’une de ses grandes passions avec l’art, avant de rejoindre le théâtre à la fin des années 1940. Le succès de la pièce Gigi, en 1951 à Broadway, lui ouvre les portes d’une carrière hollywoodienne. Et la consécration ne tarde pas à venir. En 1954, à seulement 23 ans, elle reçoit l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Vacances romaines. D’autres grands succès suivront, tels que Diamants sur canapé, la comédie musicale culte My Fair Lady ou bien encore Guerre et Paix. Loin des stéréotypes de l’époque, l’actrice avec son charme et son élégance naturelle, gagne rapidement le statut d’icône et devient l’égérie du créateur de mode Hubert de Givenchy. Considérée comme l’une des plus grandes actrices du cinéma américain, elle met un terme à sa carrière en 1967, pour se consacrer à sa famille et s’investir dans l’aide humanitaire pour l’enfance auprès de l’UNICEF, dont elle devient ambassadrice en 1988. Elle s’éteint le 20 janvier 1993, laissant à la postérité, l’image d’une femme irrésistiblement facétieuse et libre. Des qualités dignes d’une Bruxelloise de naissance.
Photo : Télé Star
Amélie Nothomb
La romancière Amélie Nothomb, est née le 09 juillet 1966, à Etterbeek, au sein d’une famille issue de la noblesse belge. Elle passe sa jeunesse à l’étranger, au gré des affectations de son père qui mène une carrière de diplomate. Pékin, Osaka, New-York, seront parmi les escales marquantes de cette vie nomade. De retour en Belgique à l’âge de 17 ans, après un temps d’adaptation au mode de vie occidental, elle fait ses humanités, obtient l’agrégation et envisage un moment de faire carrière dans l’enseignement. Pourtant, un premier retour au Japon, où son père est devenu ambassadeur, et un stage dans une entreprise japonaise, semble vouloir en décider autrement. En effet, cette expérience professionnelle déroutante, lui donnera la matière pour deux de ces romans : Stupeur et tremblements et Ni d’Eve ni d’Adam. Sa carrière littéraire est lancée avec la sortie de son premier titre, Hygiène de l’assassin, en 1992, qui rencontre immédiatement son public. Auteure très prolifique, elle publie un livre par an, elle sait à merveille jouer de sa personnalité décalée pour faire de chacune de ses nouvelles parutions, de véritables évènements littéraires. N’hésitant pas à se mettre en scène avec beaucoup d’autodérision dans certain de ses romans, cette citoyenne du monde, est à plus d’un titre, une Bruxelloise authentique.
Photo : Wikipédia