Le phare d'Esssaouira : gardien de la nuit

charmant
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
23 septembre 2011

Quand on arrive à Essaouira, avant la baie, avant la médina, il y a un oued, des dunes, la forêt et aussi un phare. A 2 km du centre, depuis le village de Sidi Magdoul, dominant la ville de son faisceau bienveillant, le petit phare d'Essaouira remplit dignement sa mission chaque nuit.

Aujourd'hui je m'y arrête. Ça fait cent fois que je passe devant, interpellée par ce petit phare jaune et blanc, aux allures de tourelle d'un ancien temps. Sous son crépis écaillé il nous évoque l'Essaouira d'avant, lorsqu'elle n'était qu'une petite ville de province, enchâssée dans les collines d'une forêt encore vierge. Le phare de Sidi Magdoul, c'est donc une lumière dans la nuit pour orienter les navires. On imagine aisément aussi qu'il signale aux touristes à bord de paquebots de croisière le passage de la belle Mogador endormie.

Impossible de trouver dans la littérature locale une information dense concernant l'histoire du phare d'Essaouira. Peut-être ai-je mal cherché, mais l'essentiel de ce que je peux dire (écrire) aujourd'hui concernant cet édifice, je le tiens de son gardien que, par chance, j'ai croisé en ce vendredi matin. Aimable serviteur des lieux, il permet au petit phare d'assumer sa fonction quotidienne de sémaphore, vérifiant ses rouages et l'ampoule indispensable. M.Houssine Zrhari me dit que le phare a été bâti dans les années 20, et qu'il n'est donc pas très vieux. Bon, je ne sais que répondre, pour moi ça date un peu, 90 ans. Aucun moyen de vérifier cependant l'exactitude de ses dires. En revanche, preuves à l'appui il me montre le système électrique, la batterie, les fusibles et tout le mécanisme précieux installé dans le pied du phare. Une fonction automatique déclenche au couchant l'allumage de l'ampoule principale ("le grand phare") et, toujours, (mais ça il n'y a que les novices en "étude de phare" comme moi qui l'ignorent), une lanterne de secours en cas de pépin.

Houssine m'invite à visiter le phare, autrement dit à grimper l'escalier en colimasson jusqu'à son sommet. Cette courte ascension me fait d'ailleurs apprécier la petitesse de l'édifice. Arrivée en haut, sous le dôme blanc, quelle n'est pas ma surprise en voyant la taille de l'ampoule dans la lanterne. Pas plus grande qu'un doigt (mais protégée comme un joyau). Et dire que j'imaginais une lampe énorme, au moins grosse comme un ballon de foot. Il en faut parfois peu pour recadrer son imaginaire tenace.

Classé parmi les phares dit "de jalonnement", il est un point de repère sur le trajet qu'empruntent les navires le long d'une route maritime. Houssine, son gardien, est tenu de le visiter 365 jours par an, sans un jour de relâche, il veille sur ce petit monument au pied duquel il vit avec les siens. Pas de remplaçant, ni de congés pour lui. Mais lorsque tout là-haut il s'émerveille encore devant le panorama à 360°, je comprends qu'il savoure la maigre rançon de son dévouement.
J'apprécie donc à ses côtés le spectacle, comme le cadeau précieux qu'il est.

Texte et photo Alice Joundi.

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
23 septembre 2011