L'avenir de l'Oasis Hassan II ....
L'Université Cadi Ayyad et l'Association Ibn al'Awwâm Se penchent sur l'avenir de l'Oasis Hassan II et de la Ceinture Verte de Marrakech. L'avenir de l''Oasis Hassan II', qui occupe une superficie de 1600 ha au sud des jardins de l'Agdal est le sujet proposé, sous l'égide de l'Ecole doctorale internationale du tourisme de l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, à la réflexion d'un groupe franco-marocain associant agronomes, architectes, paysagistes et experts dans le domaine du tourisme et du patrimoine.
Une semaine passée sur le terrain, à observer ce territoire, à analyser son fonctionnement et à interroger les habitants et les responsables de l'aménagement et de l'urbanisme, a permis de poser les fondements d'une réflexion sur l'avenir de cet espace aujourd'hui menacé par la prolifération incontrôlée du bâti résidentiel et des infrastructures touristiques.
Opposer un front de verdure à l'expansion de Marrakech en direction du Haut-Atlas est la fonction dévolue à ce petit territoire, partie intégrante d'une « ceinture verte » de la ville, qui devait contenir son étalement, tout en proposant à ses habitants des espaces de détente à proximité de leur lieu de résidence. L'Oasis apparaît aujourd'hui comme ce qui reste de ce projet formulé à la fin des années 1980 et intégré au Schéma directeur de la ville. Espace agricole dominé par les oliveraies, irrigué pour partie grâce aux séguias amenant l'eau du Canal de ceinture, il propose, de fait, un paysage verdoyant qui contraste avec les nouveaux espaces bâtis apparus ces dernières années au voisinage de l'Agdal.
Le premier résultat de ce travail a été de démontrer la fragilité de cet « ilôt vert », déjà partiellement occupé, malgré l'interdiction de construire et grâce à des dérogations accordées à des particuliers, par des villas, restaurants et chambres d'hôtes destinés aux touristes. L'inévitable montée des prix du terrain favorise ici la spéculation foncière, poussant les agriculteurs locaux à vendre leurs terres et les investisseurs extérieurs à acquérir des terrains parfois laissés en friche dans l'attente d'une urbanisation future. Derrière la verdure de l'oasis se cache ainsi une vaste réserve foncière.
Cette situation ne fragilise pas seulement le paysage, mais aussi une partie importante de la population de ce petit territoire, devenu l'espace-refuge de ceux qui n'ont pu supporter la croissance vertigineuse des prix de l'immobilier au centre de Marrakech, et qui ont été contraints, pour continuer à vivre sous un toit, de s'exiler dans les douars de l'Oasis.
Si rien n'est fait, ce territoire risque de ne devenir qu'un espace de péri-urbanisation, une banlieue sans plan ni ordre, que la ville aura pénétré de façon rampante, sans dire son nom. Cette évolution se fera au détriment du paysage et de l'environnement des marrakchis, mais aussi des habitants les plus pauvres de ce territoire, contraints de chercher ailleurs un nouveau et improbable refuge.
Cette situation n'est pourtant pas inéluctable. S'il paraît vain de s'opposer radicalement à une évolution de ce territoire, il paraît encore possible de l'infléchir et de la diriger dans un sens qui permette la sauvegarde de cette oasis, auquel il incombe aujourd'hui d'incarner la mémoire de cet environnement végétal consubstantiel à l'identité historique de Marrakech. A la question de savoir comment le faire et dans quel sens diriger l'action, une série de propositions complémentaires ont été avancées :
1-nécessité de resituer cet espace dans un ensemble d'espace verts, de jardins et de zones agricoles situés autour de Marrakech et qui forment, potentiellement, un « système de parc », c'est-à-dire un réseau vert qu'il s'agirait de faire exister, en favorisant leur protection et leur fréquentation par les habitants.
2-L'avenir de l'Oasis Hassan II passe par une valorisation de ses productions agricoles, susceptibles de trouver auprès des touristes et des nouveaux résidents de ce territoire un débouché qu'elles n'ont pas pour l'heure. Cela passe par un investissement dans la qualité, qui pourrait concerner notamment l'huile d'olive, voire par une labellisation « Oasis Hassan II » qui permettrait d'apporter aux produits concernés une valeur ajoutée susceptible de soutenir le maintien d'une agriculture vivante.
3- Il s'agirait enfin de planifier la pénétration des infrastructures touristiques et résidentielles dans ce secteur en les intégrant le plus possible au monde agricole local et en faisant à ce niveau aussi du cadre vert que constituent les champs cultivés un facteur de valeur ajoutée.
Le temps presse, néanmoins, pour agir. Les évolutions incontrôlées en cours sont très rapides. En reprendre le contrôle suppose que se manifeste une volonté politique forte, qui permette aux intérêts divergents de tous les usagers de ce territoire de se concilier pour que survive cet oasis aux portes de Marrakech.