Un palace du cinéma muet
Imaginez un peu : en 1922, à deux pas de la Grand-Place, s'élevait l'Agora Palace, un cinéma monumental qui n'avait rien à envier aux plus beaux théâtres. Avec ses 2887 places réparties sur trois niveaux et sa décoration somptueuse de style Louis XVI, c'était le nec plus ultra du divertissement bruxellois. Le plus fou ? Un orchestre de 40 musiciens accompagnait les films muets en direct. Et pour les entractes, un salon de thé de 424 places accueillait les spectateurs distingués.
Des années folles à la guerre froide
L'histoire de l'Agora Palace est aussi mouvementée qu'un film d'action. Pendant l'occupation allemande, il devient un "Soldatenkino" réservé aux officiers du Reich. À la Libération, dans un élan patriotique, on le rebaptise "Cinéma Roosevelt" en hommage au président américain. C'est ici que les Bruxellois ont découvert des chefs-d'œuvre comme "Un Américain à Paris" ou "Les Lumières de la Ville" de Chaplin.
Un final dramatique
Mais comme dans tout bon film, il y a un rebondissement : dans la nuit du 3 au 4 mai 1959, les flammes dévorent ce temple du 7ème art. Certains murmurent qu'un mystérieux pyromane serait responsable de cet incendie, comme pour d'autres cinémas bruxellois de l'époque. Vérité ou légende urbaine ? Le mystère reste entier.
Les galeries des années 60
En 1966, tel un phénix renaissant de ses cendres, l'architecte J. Van de Putte imagine ces galeries commerciales que nous connaissons aujourd'hui. Si les 102 boutiques actuelles sont loin du glamour d'antan, elles perpétuent à leur façon l'esprit vivant du lieu. Pensez-y la prochaine fois que vous traverserez ce raccourci vers la Grand-Place : sous vos pieds ont défilé les plus grandes stars du cinéma muet !
Petit secret : les trois entrées actuelles de la galerie correspondent exactement à celles de l'ancien cinéma. Un dernier clin d'œil architectural à cette époque dorée.