Casaprojecta, l’autre cinéma marocain
Une fois par mois, une poignée de casablancais se retrouvent pour les soirées Casaprojecta, manifestation branchée au concept bon enfant : voir de bons films autour d’un bon verre.
Si les cinémas marocains sont en péril, menacés par les multiplexes et l’urbanisation galopante, il y a toujours moyen de voir un bon film underground, en tout cas à Casablanca.
C’est (entre autres) pour ça qu’ont été inventées les soirées Casaprojecta. Une fois par mois, un bar ou un restaurant se retrouve transformé en salle de projection - en plein air l’été -, et le tout casa vient y prendre un verre. N’importe quel artiste, jeune ou pas, débuttant ou confirmé, peut venir présenter son travail, le tester auprès du public, ou tout simplement bénéficier d’une tribune libre. Des documentaires sur le passé historique de la ville comme des films alternatifs muets entrecoupés de 3D s’y cotoient sans que cela ne choque personne. Tout le monde a sa chance, tant que le film reste dans la thématique choisie par les organisateurs pour chaque évènement (Casablanca, le cinéma arabe, le monde africain, etc.) Et si vous tombez le bon soir, vous pourrez peut-être même avoir la chance de découvrir un long-métrage en avant-première suivi d’un débat avec le réalisateur, comme cela s’est déjà fait. Casanegra, par exemple, ça vous dit quelque chose ? Son réalisateur, Nour-Edine Lakhmari, a présenté ses premiers courts-métrages ici. Et son film phare y a ensuite été projeté, gratuitement, et pour tous.
Des films et des verres
Avant les films, la place est parfois laissée à la culture au sens large. Des associations présentent leur travail, des expositions sont dévoilées en avant-première, des mains se lèvent, des positions sont prises. Ca échange, débat, fait avancer (un peu) le monde de la culture, comme lors de la première édition, en 2007 organisée dans un salon pour présenter « des films faits par des amis, qu’on ne pouvait pas voir ailleurs », tel que l’explique Jamal Abdennassar, l’un des fondateurs.
Mais si les participants sont à chaque fois plus nombreux, le simple amour de l’art ne suffit pas toujours. Pour beaucoup, il faut bien l’avouer, Casaprojecta est un rendez-vous d’habitués, une soirée par mois qu’on sait d’avance réussie où on pourra grignoter, selon le lieu, quelques tapas ou salades, et boire un verre autour d’une table, peut-être bancale, mais toujours remplie. Ceux qui seront dos à l’écran ne verront peut-être rien, mais il leur restera toujours les amis.
Texte Mathias Chaillot
Photo DR