Le quartier du Maârif, le melting pot sauce casablancaise
Centre d’affaires, coin shopping, cafés à tous les coins de rues, marchés, vendeurs à la sauvette, le Maârif, c’est tout ça. Pour beaucoup ce quartier représente parfaitement la dualité de Casablanca : mi-luxe, mi-populaire, parfois dangereux, parfois bon enfant, mais toujours grouillant de vie !
Un village dans la ville
Au début du XXème siècle, c’est un quartier qui n’est même pas « dans » Casablanca, mais plutôt dans la périphérie. En 1911, des négociants anglais, Murdoch et Buttler décident de racheter pour une bouchée de pain les terrains de la tribu des Maârifiens. Le plan Prost, premier plan d’urbanisme de la ville, manque de quartiers modestes, et ce quartier « pas cher » attire les immigrants européens les moins nantis : Grecs, Espagnols, Italiens, Portugais, etc. Le Maârif devient un village dans la ville, avec des baraquements en bois, ses rues en damiers, sans eau et sans électricité. La population dans le quartier ne cesse de s’agrandir mais se transforme en marais insalubre. A partir de 1927, le gouvernement se met au travail et le Maârif fait, à lui seul, l’objet d’un projet d’assainissement et d’urbanisme. En 1939, l’Europe est en guerre, et nombreux sont ceux qui choisissent la tranquillité marocaine et le brassage ethnique du Maârif pour faire fructifier leurs affaires et vivre en paix
Melting Pot Maârif
Ce qui ne manque pas d’étonner les sociologues, c’est la spontanéité et la facilité avec lesquelles toutes ses ethnies se sont entendues, mélangées, entraidées. Tous ces immigrés étaient issus du même milieu social et se retrouver dans un quartier où tout était à faire. De plus, à cette époque, la loi française octroyait la nationalité française à tous les ressortissants français, sans aucune démarche ni formalité. Et tout ce petit monde vivait ensemble, les grand-mères assises sur le pas de porte, discutant entre elles, les hommes au café du coin se désaltèrant après une dure journée de labeur, les garçons jouant dans la rue, les filles pouffant et chuchotant à la sortie de l’école, tandis que les femmes s’activent pour nourrir toutes ces bouches affamées. Les portes sont ouvertes, les enfants passent d’une maison à l’autre sans discontinuer… Le Maârif a été comparée à Venise, à Barcelone, à Lisbonne, on y parle italien, espagnol, portugais, français.
Douz l’Maârif
Aujourd’hui au Maârif, on croise aussi bien des hommes et des femmes en costumes, tailleurs, smartphones et ordinateurs portables à la main, que des lycéens et étudiants en bande, des jeunes filles en goguettes dans les boutiques, des mères de famille en train de faire les courses. Les vraies fashionistas y passent des après-midi entière pour obtenir le savant mélange entre grandes marques, petites marques et pas de marques.
Le Maârif, c’est le quartier casablancais par excellence : on rechigne à y aller, on le critique, et quand on y est, on a du mal à en sortir tellement on est happé par les couleurs, les odeurs, les bruits…
Texte Zara Kadiri
Photo DR