LP : Une âme voyageuse, en escale à Casablanca !
Elle fait partie de ces artistes qui livrent leur âme, à travers des chansons qui marquent les esprits ! Elle était à Casablanca pour le festival Jazzablanca et Dieu ce que nous avons aimé la rencontrer ! LP, Laura Pergolizzi, New Yorkaise, avec une Old Soul, comme on les aime. Celle qui a déjà écrit des chansons interprétées par Rihanna ou encore Christina Aguiliera nous a accordé une interview hors du temps… Et si vous ne connaissez pas LP, l’auteure, la compositrice, l’interprète qui pioche dans nos sentiments, dans les siens, pour nous livrer, en chansons, une partie de son âme et conquérir la notre… Il est grand temps de vous rattraper ! LP, en tout aparté, pour Made In Casablanca !
Nous avons rencontré LP pour un « échange » très spécial qui avait plutôt l’air d’un moment de partage « entre copines », parce que nous aussi, nous nous sommes livrées, sans tabous, sans contraintes de langue ou de culture, à un petit bout de femme qui porte le monde dans ses entrailles !
Cette rencontre n’était pourtant pas prévue, mais, après lui avoir posé deux questions lors de la conférence de presse, nous avons compris que ce n’était pas « suffisant », qu’il nous fallait plus, beaucoup plus…
C’est donc tout naturellement que nous avons demandé une interview « one to one », d’abord à la magnifique Intissar Nechnech, de l’organisation qui nous a ensuite introduites auprès du manager de LP… Le jeune homme n’a pas trop réfléchi avant de nous dire « Yes, why not ?! » (merci Tissy !).
Un tatouage, une caavelle, sur toute la poitrine, des yeux attendrissants cachés sous ses cheveux frisés et un sourire déstabilisant, elle nous attendait.
Installée dans le hall de l’hôtel Mogador, Lp nous accueille avec un grand sourire… La conversation commence et elle concerne « une bague » que notre journaliste porte, un échange sur les styles, les pierres et puis ces accessoires que nous ne portons pas, mais qui font partie de nos corps, de nos êtres… Nous étions bien parties !
Made In Casablanca : Existe-t-il un mot, ou plusieurs, qui reviennent, à chaque fois que tu entames l’écriture d’une chanson ? Une sorte d’obsession ?
L.P : Oh mon Dieu, non ! Et c’est cet ensemble que j’aime ! Quand j’écris, je ne sais jamais ce qui va sortir de ma bouche, vraiment je ne le sais jamais. Je collecte différentes choses, instants dans mon entourage, j’enregistre tout sur mon téléphone pour me souvenir des circonstances.
Un exemple, j’étais à l’arrière d’un van écoutant du Paolo Nutini (en tournée à l’époque) quand la phrase « Lost on You » m’a percuté l’esprit ! Je me souviens très clairement avoir pensé à cette phrase, en me disant qu’elle était très belle…. Tu vois ce que je veux dire !
Parfois, j’écris une expression et je passe des jours, des mois, à « tourner autour » ! Pour « Lost on you », j’avais prévenu mes producteurs, ainsi que les paroliers avec lesquels je travaille, que j’avais une idée de chanson, mais que je n’étais pas encore prête à l’écrire VRAIMENT. Cette chanson, était née d’une grande douleur, une séparation et il m’a fallu attendre plus de dix mois, alors que je n’étais plus vraiment en souffrance amoureuse, j’étais avec une nouvelle petite amie et le mood n’était plus le même. J’étais heureuse, mais les paroles de cette chanson sont tout simplement « sorties » parce qu’elles devraient sortir, à un moment ou un autre !
Pareil pour la chanson « Into The Wild », j’étais dans le studio, en train de composer des mélodies dans ma tête quand les paroles ont fait irruption alors que je ne connaissais ni le livre, ni le film portants ce nom.
MIC : Parle-moi de « No Witness »… A quoi pensais-tu en écrivant cette chanson ?
L.P : Tu aimes cette chanson ?
MIC : Oui, elle fait même partie de mes préférées et je ne sais pas pourquoi elle me met de bonne humeur !
L.P : Ah super ! Je suis très contente.
C’est une chanson que j’ai écrite, sans savoir que je finirai par la chanter, car elle était destinée à une émission télévisée. Le thème concernait des personnes « bien » qui finissaient par faire du mal ou de mauvaises choses. Je venais de traverser une période sombre avec mon ex petite amie qui était (qui est) quelqu’un de très bien, mais qui a fait beaucoup de conneries…
Après avoir parlé deux bonnes heures avec le monsieur qui m’avait commandé la chanson, après l’avoir écouté jouer une petite note, le « humhumhum », j’ai bondi de ma place, me suis enfermée pendant 45 minutes et la chanson est née (Rires)
MIC : Je te retrouve même dans les vidéos de tes chansons et je sens que tout te ressembles… Est-ce que tu choisis les thèmes ?
L.P : Oui ! Avec Chuck Willis, nous nous complétons… C’est comme si nous écrivions les textes des chansons ensemble. Et nous avons une superbe alchimie !
MIC : Ecrire, c’est exposer, livrer, une partie de son être, aux autres… Et tu sembles être une personne très « discrète », est-ce que c’est facile ?
L.P : La vérité, je n’ai jamais pensé que j’allais être aussi ouverte à propos de ma vie, tu vois ce que je veux dire, je suis une personne plutôt sociable et tout et tout, mais sur une scène mondiale, je ne pensais pas que je pouvais être aussi « open » et livrer autant de sentiments.
Je pense aussi que tout ce qui nous touche, en tant qu’êtres humains, tout ce qui nous rend vulnérables, est artistiquement beau…
Lost On You parle de rupture, de manque de confiance, d’une âme déchirée et regarde le succès qu’elle a à travers le monde !
C’est presque ironique car le jour où j’ai joué cette chanson, en plus de deux autres, devant mon ancien label, le jour où j’ai présenté ces trois chansons devant une sorte de jury qui allait déterminer si le label me gardait ou non… Mon label m’a lâché !
Mais c’est un mal qui me voulait beaucoup de bien finalement, car je leur devais 1 million et demi de dollars… En me laissant tomber, ils abandonnaient tout (rires)
Cette situation incarne aujourd’hui une belle leçon pour moi car c’est cela aussi « l’art » ! Tu proposes une chanson que certains n’aiment pas, tu la considères comme ton trésor, mais ces autres la voient comme du « trash »… Tu continues sur ton chemin, de croire en toi, en cette chanson particulièrement et puis « Boum » ! La chanson réalise un succès qui dépasse de très loin tes propres attentes.
C’est une leçon que ne suis pas prête d’oublier !
MIC : Je vois que « Lost On You » t’a beaucoup marquée… Mais pensais-tu qu’elle allait devenir une sorte de chanson « thérapie » pour ton public ?
L.P : Non, absolument pas ! J’ai écrit cette chanson pour une femme qui partageait ma vie et qui était une bonne personne, mais qui m’a fait beaucoup de mal.
A l’époque, je faisais une sorte de pause d’écriture et j’avais même décidé de faire un cover, en hommage à Paul Simon. J’écoutais, chantais « Sliding Away » et voulais interprêter « Still Crazy After All These Years » que je considérais comme une chanson adulte, mature… Qui parle de ce genre de relations qui durent toute une vie, où tu fais des put*** de plans à deux : Enfants, maison et voiture…
J’ai réalisé ensuite que même dans un ouragan d’amour, la haine peut être très présente, qu’elle avait ce pouvoir de ne faire qu’un avec l’amour.
Un exemple que j’ai vécu avec le mariage de mes parents… La cruauté qui s’installe, même dans les plus belles histoires.
Ecrire une chanson qui te permet d’exorciser tes propres démons, mais où chacun s’identifie finalement. Tout cela pour te dire, que « Lost On You » était un bon départ, définitivement.
MIC : Une dernière, tu as déclaré lors d’une interview que tu te sentais plus « à l’aise » avec LP qu’avec Laura Pergolizzi ! Pourquoi ?
L.P : Waw… C’est vrai ! J’en ai même parlé à mon psy qui m’a avoué que quand je prononçais mon nom en entier, il pensait à une rivière tranquille, mais quand je prononçais LP, il avait l’image d’un volcan en éruption (Rires)
Photo : @sife_photography