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" Intouchables " : le film cartonne au box-office, son héros vit à Essaouira

DESTIN
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
25 novembre 2011

Le film français "Intouchables" a atteint le top du box-office dès sa sortie, et pour cause : une histoire vraie entre deux personnes qu'a priori tout sépare, doublée d'une comédie émouvante jouée par François Cluzet et Omar Sy. De quoi remuer les consciences et redonner confiance en la vie. Il est inspiré de l'histoire vraie de Philippe Pozzo di Borgo, riche héritier devenu tétraplégique qui vit à Essaouira.

Réalité crue, sincère et drolatique, le film d'Eric Tolédano et d'Olivier Nakache dédramatise le sujet central du handicap, supplanté finalement par la volonté de vivre et l'histoire d'une amitié hors du commun, comme seuls des complicités improbables peuvent l'être. Il est question d'un lien rare entre deux marginaux que tout sépare. Une comédie forte, adaptée du roman "Le second souffle" de Philippe Pozzo di Borgo.

Philippe, duc héritier de la grande famille corse Pozzo di Borgo et des marquis de Vogué, ancien propriétaire des champagnes Pommery, a grandi dans l'aisance, "le cul bordé de spaghettis" comme il le dit lui-même. Sa destinée peu commune semble pourtant commencer à l'âge adulte, quand en 1993, il a 42 ans et fait une chute en parapente, un "accident stupide" qui lui fera perdre la fonction de ses bras et jambes. Devenu tétraplégique, Philippe a besoin de quelqu'un pour l'aider, lui ainsi que sa femme atteinte d'une maladie grave. Abdel Sellou rentre alors dans dans sa vie. Ex-taulard de 21 ans, véritable caïd et bandit des cités, il répond à une annonce plus dans l'espoir de toucher ses aides sociales que d'en faire un véritable job. Il restera finalement dix ans aux côtés de Philippe. Et lorsque celui-ci perd son épouse, Abdel fait tout ce qu'il peut et sait faire pour l'aider à sortir la tête de l'eau, le baladant partout pour des excursions folles et balançant des vannes à longueur de journée. "A plusieurs reprises, il m'a remis debout" témoigne Philippe.

"Intouchables" : le ton juste, entre rire et émotion

Pas une interview sans que Philippe ne rende hommage à la qualité du film d'Eric Tolédano et d'Olivier Nakache, ainsi qu'aux prestations de François Cluzet, "un tétra, plus tétra que moi" et d'Omar Sy qui "crève l'écran". Le film est une réussite pour avoir su rester sincère, intense, drôle et sans misérabilisme. Cela, notamment, grâce à l'humour fou que les deux réalisateurs partagent avec Philippe Pozzo di Borgo, un homme malicieux et tendre, qui aime jouer des mots comme des situations même les plus dramatiques. La production a par ailleurs pris l'initiative de verser 5% des recettes à une association d'aide aux handicapés, ce que salue le tétraplégique désormais célèbre.

Essaouira, où se poser en famille

Au bout de dix années de complicité, Abdel et Philippe décident de mettre un terme à cette aventure, gardant de tout cela une amitié indéfectible. A l'époque ils ont sillonné le Maroc ensemble car le climat convient à l'état de Philippe. Aujourd'hui, Abdel est marié à une marocaine et vit en Algérie, il revient régulièrement ici, à Essaouira, retrouver son ami. Car Philippe a vendu ses 5000 m2 parisiens pour s'installer dans la région, au bout d'une piste caillouteuse dans une grande maison bordé d'eucalyptus et de romarins. La famille Pozzo di Borgo est ici aujourd'hui réunie, Philippe et sa femme Khadija avec leurs deux filles, dans un petit havre de paix à quelques encablures de la cité des Alizés.

Le film "Intouchables" est sorti en France le 2 novembre 2011, où il a cumulé en trois semaines plus de 7,6 millions d'entrées. Applaudi par la critique et les spectateurs, il reflète avec une immense justesse le destin de deux hommes qui ne se départissent jamais de leur humour et qui, parce qu'il étaient deux, ont pu vaincre leur commune marginalité. A l'heure de sa sortie au Maroc, on peut imaginer qu'ici aussi le succès sera grand, et c'est le moins qu'on peut espérer dans le pays qu'a choisi Philippe pour vivre désormais.

Texte Alice joundi
Photos Le Figaro et JDD

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
25 novembre 2011