Le quartier doit son nom au Mont Jbel Guéliz
Tout le monde connaît ce gros rocher appartenant au nord-ouest marocain et surplombant la ville. Son schiste noirâtre luit au soleil. On raconte que le très illustre Sidi-Bel-Abbès Es-Sebti y entama une longue retraite spirituelle et c’est pourquoi sur le flanc ouest du rocher se trouve une koubba où les fidèles vont encore en pèlerinage. Mais en 1912, lors de l’occupation de la capitale du sud, le commandant des troupes françaises fut surtout frappé par la position du mont d’un point de vue militaire. Tout en respectant le chemin de pèlerinage et la chapelle, il y établit une citadelle d’où les canons pouvaient surveiller la ville et donc toute tentative de rébellion.
L’architecte Henri Prost pense et crée le quartier
En 1913, l’architecte français Henri Prost a toute la confiance du Maréchal Lyautey, gouverneur du Maroc colonial, pour établir une nouvelle ville bien distincte de l’ancienne. Pour éviter les insurrections, ils choisissent d’établir le nouveau camp français au pied du Mont Guéliz afin d’avoir une vue dégagée sur la médina depuis les hauteurs. La nouvelle ville s’élargira rapidement et arrivera aux portes de la Médina pour créer une ville unique où l’on peut circuler facilement.
Une deuxième place Jemaa el Fna
L’architecte français Henri Prost, pensa la nouvelle ville à l’image de la médina. Il y construit une sorte de deuxième place Jemaa el Fna d’où partent de larges avenues, et sur lesquelles on trouve les édifices publics, les habitations et les commerces. Il la nomme “Place du 7 septembre”, date à laquelle les français entrèrent dans la ville ocre en 1915 sous le commandement du colonel Mangin. L’avenue relie directement la médina grâce à l’ ”Avenue du Guéliz”, plus connue aujourd’hui sous le nom d’ “Avenue Mohamed V”. La petite soeur de la place Jemaa el Fna change de nom elle aussi en 1956, à l’occasion du retour d’exil du Roi Mohamed V, pour devenir l’actuelle “Place du 16 novembre”.
La couleur ocre a été choisie par pur esthétisme
Henri Prost était très sensible à l’esthétisme et aux couleurs. Il apprécie la vue que lui offre le soleil se couchant sur l’Atlas et la médina et surtout ses couleurs chaudes. Pour ne pas perdre ses tons chauds et cette harmonie dans le paysage naturel, il impose que toutes les nouvelles constructions ne dépassent pas trois étages et qu’elles aient la couleur ocre.
En 1919, le quartier de Guéliz compte seulement 870 habitants !
870, c’est le tout petit nombre d’habitants que compte le quartier en 1919. Si la plupart sont français, on compte de nombreux marocains (musulmans et juifs) mais aussi des espagnols, italiens, grecs, syriens et sénégalais. En réalité, ces chiffres ne reflètent pas la vie de Guéliz à cette époque puisqu’ils ne tiennent pas compte des familles des nombreux officiers, considérées comme des hôtes de passage.