Awaln'Art : un festival sans filet
“Je revois la ville en fête et en délire, suffocante sous le soleil et sous la joie, et j’entends dans la musique les cris et rires, qui éclatent et rebondissent autour de moi... Emportée par la foule...” A croire que Edith Piaf s’est inspirée de la première journée de notre reporter au festival Awaln’Art pour sa chanson.
Le festival débute en fanfare. Parade, spectacle, émotions, risques, rires, surprises, voltiges... J'en ai pris plein yeux et retenu mon souffle plus d'une fois.
Nous sommes mercredi après-midi, il est 16h30, je me trouve sur la place Jemaa el Fna, entouré d'une centaine d'artistes et d'un millier de curieux aux regards fascinés. Difficile de faire abstraction d'un berbère de 5 mètres de haut, surtout sur la place, ça ne passe pas inaperçu. La parade entame son parcours à travers la ville, de Jemaa el Fna au Palais des Congrès. Visibles d'un bout à l'autre de l'Avenue Mohammed V, les marionnettes géantes de Boromo venues du Burkina Faso sont source d'émerveillement pour la foule. Du haut des balcons ou en bord de route, la parade fait effet boule de neige, et ne cesse d'accueillir de nouveaux admirateurs.
Jamel Debbouze sur place
Admirateurs mais aussi artistes. A différents endroits de son parcours, de nombreux groupes d'acrobates et autres casse-cous du genre font leur numéro avant de rejoindre le cortège. Face à la Mairie, les jongleurs du Faso Cirque surprennent. Place de la liberté, la troupe de Tanger enchaîne de périlleuses acrobaties. Place du 16 novembre, les échassiers togolais rivalisent d'audace et se tortillent comme s'ils étaient ensorcelés. Pour ainsi dire, ils prennent les autres de haut. Sauf peut être Jamel Debbouze, qui est venu rapidement saluer toute l'équipe d'Awaln'Art, et monopoliser quelques instants l'attention des journalistes. Jusqu'à ce que peu à peu la foule se dissipe face au Palais des Congrès, sur un rythme entraînant du groupe de musiciens Fanfaraï.
Chouf les tangérois
En fin de journée, le programme d'Awaln'Art nous donnait rendez-vous à l'institut français pour un numéro de Chouf Ouchouf, une troupe d'acrobates tangérois, ayant déjà très bonne réputation. Dès l'entrée, je retrouve la trapéziste du Sofitel en train d'attirer les regards du haut de son perchoir. Bien qu'elle ne soit qu'à quelques mètres du sol, il faut vraiment prendre conscience du danger et des risques qu'elle court. Sans filet, avec une corde entortillée autour se sa jambe comme seul maintient... Une fois sa prestation terminée, tout le public se dirige et se bouscule vers l'entrée de l'amphithéâtre. Dans cette masse mouvante, je croise le célèbre chorégraphe Kamel Ouali.
Chouf Ouchouf à guichets fermés
Les petits s'installent au premier rang sur des coussins et les grands dans les gradins. Enfin... ceux qui le peuvent, car apparemment, trop de billets et pas assez de places. A tel point que le directeur de l'institut en personne porte avec moi un banc supplémentaire. Au moins, même si ce n'est pas parfait, l'intention est là. Une fois assis, le spectacle Chouf Ouchouf commence, avec en arrière plan les derniers rayons du soleil sur le Mont Guéliz. C'est pleine d'énergie que la troupe démarre son show. De la voltige, des pirouettes et d'autres acrobaties, ils s'en donnent à cÏur joie. C'est bien plus qu'un simple numéro d'acrobates, c'est une véritable mise en scène, intelligente et métaphorique. Outre les artistes à la musculature plutôt impressionnante, on voit un personnage, lui plutôt bien en chair, en train de faire un petit jogging autour de la scène, en buvant de l'eau. C'est une des métaphores, qui veut montrer aux enfants s'extasiant bouche béante, que c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Chouf Ouchouf, c'est un spectacle grandiose, une satire ludique avec une touche de burlesque comique, sur une musique aux airs de Gotan Project. Un divertissement idéal pour clore cette première journée.
Texte C. Alary Photo Made in Marrakech Montage Vidéo Yassine Mait Publié le 09/06/2011