Décongestionner les grandes agglomérations urbaines
Le Maroc s'est lancé, ces dernières années, dans la création de villes nouvelles autour des grands centres urbains, pour décongestionner les grandes agglomérations urbaines et fournir aux populations des espaces agréables, dotés de toutes les infrastructures et de toutes les commodités, répondant aux besoins des diverses catégories sociales.
L'objectif d'une telle démarche est d'assurer, pour les années à venir, une urbanisation équilibrée et homogène, qui devrait stopper l'extension illimitée des grandes agglomérations urbaines, fournir aux populations un choix de logement conforme à leurs désirs, dans des espaces aménagés conformément aux normes modernes et dotés de toutes les infrastructures.
Baptisées également villes « satellites », ces nouveaux pôles urbanistiques tendent par ailleurs à répondre aux exigences d'une population de plus en plus nombreuse et satisfaire les besoins en matière de logement des ménages, toutes catégories confondues, dans une nouvelle approche à la fois quantitative et qualitative.
Dans ce sillage, le Maroc s'est donné comme ambition de créer une quinzaine de nouvelles villes, à l'horizon 2020, réparties sur l'ensemble du territoire national afin de résorber le développement démographique prévisible en milieu urbain mais aussi en tant qu'alternative à l'extension démesurée des grands villes.
Quinze villes nouvelles à l'horizon 2020 Dotés de nombreux équipements urbains, d'espaces verts, de stations de traitement des eaux usées et d'un tissu économique important, ces nouveaux espaces urbains auront pour vocation d'optimiser le développement urbain qui s'opérait de manière mal maîtrisée, notamment au niveau des grandes agglomérations où la croissance démographique est particulièrement élevée, comme Casablanca, Rabat et Marrakech.
Au-delà des populations que les villes nouvelles sont appelées à accueillir dans quelques années, ces centres devraient permettre un vrai rééquilibrage de l'aménagement du territoire et une régulation du marché du foncier, en offrant des logements et des terrains d'activités à un prix raisonnable dans un cadre urbain agréable et de bonnes conditions de desserte et d'équipement et un environnement sain.
Dans cette optique, il a été procédé au lancement de deux nouvelles villes : la ville de Tamensourt aux portes de Marrakech, premier fleuron de cette politique et celle de Tamesna dans la banlieue ouest de Rabat, toutes deux déjà mises en chantier et où les travaux sont très avancés. Une troisième ville, baptisée Zénata, prend naissance à la croisée des chemins entre Casablanca et Mohammedia.
De même, les études de faisabilité de trois autres villes nouvelles sont en cours concernant « Lakhiayta », à 8 kilomètres au sud de Casablanca qui s'étendra sur 1.300 ha pour accueillir 300.000 habitants, « Tagadirt » à 6 km d'Agadir prévue pour abriter quelques 250.000 habitants et « Melloussa », située à 15 km à l'Est de Tanger, et devant accueillir, dans une première tranche quelque 30.000 habitants.
La création de villes nouvelles, qui va de pair avec un ambitieux programme de résorption complète des bidonvilles, suscite un vaste engouement parmi la population, au point que les offres de Tamensourt ont été épuisées avant même la fin du projet et que des programmes additionnels avaient été mis au point. Les projets, notamment les programmes précurseurs ou pilotes, deviennent au fur et à mesure des réalités concrètes. Ils impliquent à la fois les pouvoirs publics et les promoteurs privés, y compris des sociétés étrangères.
La politique des villes nouvelles, a expliqué Abdelaziz Belkziz, directeur général délégué d'Al-Omrane Tamensourt, dans une déclaration à la MAP, a été adoptée comme alternative pertinente destinée à absorber l'habitat insalubre, à atténuer les pressions sur les villes et surtout, à mettre sur le marché un habitat correspondant aux besoins de toutes les couches sociales, principalement celles à revenu moyen.
Ces villes nouvelles préconisées par les schémas directeurs relatifs aux grandes agglomérations, ont l'avantage d'avoir une assise foncière à portée : des terrains de l'Etat, des terrains collectifs et domaniaux ou « Guiche », outre le fait qu'elles bénéficient d'un intérêt particulier en matière d'architecture, d'équipements, et de respect de l'environnement (création d'espaces verts).
« Les villes nouvelles ont la particularité d'évoluer de manière autonome. Ce sont des villes qui créent de l'emploi pour la population qui y résident, qui répondent aux besoins au niveau de la scolarisation, des équipements et de tous les autres services. Ce n'est pas une extension des villes, mais une ville à part entière », a-t-il expliqué, relevant, dans le même contexte, que l'extension d'une ville ne permet pas dans tous les cas de résoudre tous les problèmes, notamment ceux liés au déficit en équipements.
Ces villes nouvelles, a poursuivi M. Belkziz, peuvent aussi répondre aux besoins des villes riveraines qui n'ont pas des moyens et des équipements similaires, entre autres, des zones industrielles, citant, à titre d'exemple, la ville de Tamensourt qui disposera d'une grande zone industrielle de 300 ha appelée à combler le manque en équipements industriels de Marrakech. En outre, ce nouveau pôle urbanistique disposera d'une zone Offshoring (80 ha) que la cité ocre ne peut pas offrir malgré son extension. Une extension qui, a-t-il dit, commence à montrer ses limites et à engendrer de sérieux problèmes lié au foncier, car s'opérant le plus souvent au détriment des terrains à vocation agricole.
Il a toutefois relevé, que l'une des difficultés réside dans le fait que ces villes nouvelles sont créées au sein de communes rurales, souvent démunies d'expériences et de moyens, rappelant, dans ce sens, que l'Etat et plus particulièrement Al-Omrane prend pratiquement en charge toute l'infrastructure ainsi que la gestion de ces villes, tout en assurant un accompagnement des différents projets et programmes.