Des maisons du commerce pour les artisanes
- Des sessions de formation offertes à toutes. - L'objectif est d'encourager la création de coopératives. NAOUAL Moukaddem a 46 ans. Elle est originaire de Safi et mère de trois enfants. Son métier est la broderie de toutes sortes (beldi, fassi ou crochet). Sa production lui rapporte un revenu moyen de 7.000 DH par mois, dont une importante part est destinée aux frais de scolarité de ses enfants. Naoual travaille comme chef d'entreprise. Elle a sous sa responsabilité 27 employés. Ses créations sont à l'image de sa philosophie de vie. 'Je suis une femme artisane et fière de l'être. Je participe à la création de 27 emplois. J'aimerais créer une association pour les artisanes à Safi, mais je n'ai pas les capacités financières de payer le loyer d'un local et les frais mensuels d'électricité. Un espace de plus pour la commercialisation me permettrait de réaliser ce projet'.
Naoual a été sélectionnée par la Chambre de l'artisanat de Safi pour commercialiser ses produits par le biais de la Maison du commerce (Casa de commercio), un nouvel organisme à but non lucratif, basé depuis peu à Marrakech. Zahra Elghaoufi, 47 ans, est célibataire. Elle est venue de Sidi Slimane pour assister à ce deuxième cycle de formation des femmes artisanes, organisé durant le mois d'avril. Elle se spécialise dans la décoration de miroir, de porcelaine, la peinture sur la soie, les tissus et le bois. Zahra est une « bosseuse ». Elle produit près de 60 tableaux en deux mois. Cette activité lui rapporte un revenu mensuel de 2.500 DH. Désormais, elle pourra aussi vendre ses produits à la Casa de commercio.
Cette Maison du commerce a donc pour vocation d'intervenir auprès des femmes artisanes en situation précaire, par le biais d'actions de soutien. On le sait : l'artisanat marocain représente une niche économique majeure. Même sans qualification, les femmes peuvent y obtenir une reconnaissance professionnelle réelle. Il faut toutefois les accompagner, et un bon moyen d'y arriver est justement de les aider à structurer leur activité collective.
Situé dans le quartier de l'Hivernage, l'espace de commercialisation de la Maison s'étend sur 400 m2. Des cycles de formation y sont régulièrement organisés par groupe de 25 à 30 femmes. Celles-ci en profitent pour exposer leurs produits dans le pavillon dédié à la commercialisation. Casa de commercio a pour objectif de faire bénéficier 180 femmes par an, issues de toutes les provinces du Maroc.
La plupart d'entre elles viennent de zones reculées et des milieux pauvres. D'ailleurs, nombreuses sont celles qui, n'étant jamais allées à l'école, ne savent ni lire, ni écrire. « Nous essayons de commercialiser les produits de ces femmes dans le marché local, mais aussi international. Évidemment, la demande marocaine provient surtout des touristes », souligne Fawzia Talout Meknassi, membre de l'association Bouregreg, initiatrice du projet.
Dans la Maison, ce sont les femmes qui décident des prix de vente de leurs produits. Quelques fois, la Maison intervient pour corriger le tir, selon le temps de travail consacré à la fabrication de l'unité. « Nous essayons de leur faire réaliser à quel point le temps demeure un indice très important », insiste Talout. À côté du centre de Qadissia, la maison dispose aussi d'un autre local au sein du complexe de l'artisanat de Marrakech - dans la médina - où sont également exposés des produits.
Soutien
CRÉÉ en partenariat entre l'association Bouregreg et la Banque mondiale de la femme, le projet Casa de commercio est financé à hauteur de 84.000 euros (environ 860.000 DH), par le ministère des Affaires étrangères espagnol. Rappelons que l'association Bouregreg est une organisation non gouvernementale, fondée en 1986, à l'initiative des citoyens originaires de Salé. Elle a été reconnue d'utilité publique en 1988.