Un rôle de Justice
Érigée en 1071 par les Almovarides, juste à côté de leur palais dont les ruines subsistent aujourd’hui juste en bas de la Koutoubia, la place Jemaa el Fna est alors appelée Rahba El Ksar, la Place du Palais. À l’époque et jusqu’à la fin du XIVème, elle tient un rôle de justice. Elle est également utilisée par le Palais pour des défilés et parades militaires.
La place des trépassés ou de la mosquée anéantie
Au fil des siècles, la place prend son rôle de carrefour culturel et commercial. Elle est déjà un lieu cosmopolite où les commerçants venus de loin se retrouvent pour échanger leurs marchandises. Au XVIIe siècle, la mosquée de la quiétude, Jemaa el Hna doit voir le jour sur la place mais à la place, la ville voit l’arrivée de la peste qui décime durant 9 ans, une très grande partie de la population, y compris le sultan, Ahmed Al Mansour. La place devient alors la place Jemaa el Fna, signifiant la mosquée anéantie ou la place des trépassés.
Un lieu de spectacle et de négoce
Au début du XVIIIe siècle, la place qui est toujours un lieu prisé des commerçants et négociants devient également un lieu de spectacle. Les conteurs, chanteurs et danseurs y viennent à la rencontre d’un public toujours grandissant. Au fil des années et des siècles, la place prend son visage actuel. Des cafés, hôtels et boutiques s’érigent petit à petit autour d’elle. En 1921, alors que les édifices de la poste et de la Banque du Maroc viennent d’être construits, un décret du Roi interdit toute construction qui mettrait en péril l’identité de Jemaa el Fna, c’est-à-dire, le spectacle vivant qui s’y déroule constamment.
Inscription au patrimoine mondial de l’Unesco
En 1985, la médina de Marrakech est inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco. En 2001, Jemaa el Fna est proclamée Patrimoine Oral et Immatériel de l’Humanité. Ses activités issues d’une tradition ancestrale sont considérées comme intrinsèquement liées à la ville et à son identité. Par son action, l’Unesco a pour objectif de sauvegarder ses pratiques vivantes traditionnelles et de les protéger contre la standardisation de la culture et le tourisme de masse. Une lutte de tous les jours face à une modernisation croissante et un tourisme qui se développe toujours davantage. Et même si certains regrettent le charme de la terre battue d’autrefois, la place Jemaa el Fna reste tout de même le symbole de la ville de Marrakech, de son esprit cosmopolite, fédérateur et festif. Pourvu que ça dure…