Marrakech est au cœur d’une polémique
Informatisation de l’Etat Civil - Rififi autour d’un appel d’offres... - Le Conseil de la ville de Marrakech accusé de favoritisme - La loi a été respectée, affirme la mairie<BR>
Le projet d'informatisation des services de l'Etat Civil des différents arrondissements de la ville de Marrakech est au coeur d'une polémique.
Les entreprises ayant participé à l'appel d'offres concernant ce marché dénoncent « des pratiques frauduleuses et malsaines ». Tandis que la mairie dément et informe que la loi en vigueur a été respectée, et que l'adjudication du marché a été faite dans la transparence totale.
La controverse s'est déclenchée le jour de l'ouverture des plis, le 30 juin 2008. Après l'examen des dossiers administratifs, la commission a exigé la présentation de l'offre technique de chaque concurrent (article 27 du décret régissant les marchés publics). « Mais nous avons été autorisés à voir les présentations de chacun de nous », souligne Abderrazaq Mihamou, PDG d'Eclissecom, une des entreprises admises pour le marché. Pis encore, après la présentation de Enhanced Technologies, société basée au Technoparck de l'université Al Akhawayn, et qui avait participé à l'informatisation des services de l'Etat Civil de la ville de Fès, la commission a décidé d'arrêter les exposés pour ne les reprendre que le lendemain. Mihamou estime que cette suspension a été décidée pour « donner l'occasion au troisième concurrent de remodeler son offre ». Ce troisième concurrent est Mic Technologies, une entreprise inconnue dans le secteur et « sans références », selon Houda Chakiri, PDG d'Enhanced Technologies. Après les altercations du jour des présentations, Eclissecom s'est désistée. Mais aucune réponse n'a été donnée à Houda Chakiri et ses équipes. Aucune communication officielle sur l'adjudication de ce marché n'a été faite. « A chaque fois que je relance la Ville, la réponse est toujours la même : la présidente de la commission est en congé de maternité », martèle-t-elle. « C'est faux », réplique Omar Jazouli, maire de la ville de Marrakech. « Le marché a été attribué à Mic Technologies, parce qu'ils étaient moins chers », ajoute-t-il. Selon lui, les offres techniques étaient semblables et le troisième concurrent l'a emporté pour son offre de prix, jugée « intéressante » par la commission de l'appel d'offres. Pour les réponses, le maire affirme qu'il « ignore les raisons pour lesquelles elles n'ont pas été envoyées aux candidats non retenus ».
Le projet consiste à mettre tous les registres de l'Etat Civil dans des bases de données informatisées, ainsi que la mise en place d'une plateforme d'accès. La formation des fonctionnaires des communes fait aussi partie du cahier de charges. La proposition d'Enhanced Technologies était de 8 millions de dirhams, tandis que Mic Technologies l'a emporté pour 6,5 millions. « Je n'arrête pas d'envoyer des courriers pour réclamer la restitution de la caution versée à la Ville, et je n'ai toujours pas de réponse », ajoute Abderrazaq Mihamou. « Si le marché a été adjugé à quelqu'un d'autre, chose dont je ne suis pas au courant, il nous faut une réponse officielle », réclame, pour sa part, Houda Chakiri. Les cautions versées par les deux entreprises sont toujours entre les mains de la commission d'appel d'offres, ce qui coûte des intérêts et des agios bancaires. « Il n'y a aucun problème, ils peuvent les retirer dès qu'ils se présenteront », temporise Jazouli.
Tendances :
Ce projet vient dans le cadre d'un programme lancé par les ministères de l'Intérieur et de la Modernisation des secteurs publics.
Il consiste à doter les communes des ressources nécessaires pour informatiser leurs services et former les employés aux nouvelles technologies de l'information.
L'expérience de la ville de Fès est la plus intéressante dans le domaine.