Marrakech fait son cinéma
Marrakech, c'est un lieu de tournage pour petites et grandes productions, nationales ou internationales. Sa lumière, ses couleurs, sa main d'oeuvre qualifiée et ses décors naturels font rêver plus d'un réalisateur.
Les films tournés à Marrakech
En 1956 déjà, Hitchcock nous avait surpris dans "L’homme qui en savait trop" où il apparaît, comme dans la plupart de ses films, lui-même dans une scène. Et hop ! Le voilà face aux acrobates sur la place Jemaa el Fna à Marrakech. Plus récemment, c’est "La Momie" (1999) qui a été tourné en partie à Marrakech. Les prises de vues par séquences entre la Kasbah et le bazar sont censées représenter le Caire. Des températures difficiles pour des occidentaux (il faisait 40° dès l’aube) et pourtant, ils ont été conquis. Pareil pour "Prince of Persia" (2010) qui a fait livrer quelque 1 114 894 bouteilles d’eau à l’équipe pendant le tournage, faites le compte ! Coup de pub phénoménal pour le Maroc, le tournage d’"Astérix et Obélix : mission Cléôpatre" (2001) a été perturbé par deux tempêtes de sable dont une de huit heures, un vrai chantier au milieu de centaines de figurants lors d’une préparation de scène en extérieur. 500 ouvriers pour les décors marocains, 2 000 figurants et presque autant de perruques, avec une main-d’oeuvre à majorité marocaine, voilà comment Alain Chabat et sa bande ont réussi à faire rire près de 4 millions de spectateurs. Certains figurants ont eu le succès escompté et ont pu décrocher des petits rôles par la suite.
Côté superproductions américaines, le chef décorateur d’"Alexandre" (2004) a expliqué que c’est “parce que c’est une sorte de « road-movie », que l’équipe s’est rendue au Maroc pour les extérieurs. ” Babel (2006) , lui s’est imposénaturellement dans le décor, Alejandro Gonzalez Inarritu a expliqué son choix, loin des arguments marketing ou d’autorisation : “la vision du désert et des montagnes m’ont donné envie d’y réaliser un film” suite à un voyage personnel. Pour "Reddition" (2008), le Palais el Badii s’est transformé en Guantanamo Bay le temps d’un tournage avec acteurs américains (Reese Witherspoon, Meryl Streep et Peter Sarsgaard) mais aussi Driss Roukhe, notre acteur-réalisateur national. Une action censée se passer au Moyen-Orient : « Après les attentats du 11 septembre, il est devenu très difficile d’importer des armes n’importe où dans le monde, et encore plus au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Pour en faire venir au Maroc, il faut l’accord du roi. Il faut présenter une liste des armes que vous allez faire venir et absolument s’y tenir. Une fois qu’elle a été validée, vous ne pouvez plus faire aucune modification. » Validation royale obtenue. Enfin, les quatre filles dans le vent de Sex and the City ont eu la chance de venir s’amuser dans la perle du Sud. L’héroïne du film a fait part des difficultés de tournage comme la scène du marché dans les rues étroites de la médina ou encore traiter de l’homosexualité, mais a tout de même été conquise par son expérience “des plus enrichissantes de sa carrière.” “ Oui c’était dur mais nous n’aurions pu le faire nulle part ailleurs de cette manière. ”
Marrakech fait son cinéma
Depuis que Marrakech voit défiler les stars en vacances, elle s’est dit pourquoi ne pas les faire défiler sur un tapis rouge ? Après tout, Marrakech accueille les stars, les soirées jet-set, les tournages des superproductions américaines et surtout, offre une magnifique lumière qui attire les plus grands réalisateurs. Devenue une destination incontournable, elle se devait d’avoir SON festival. Depuis onze ans, la ville ocre se met sur son 31, déroule le tapis rouge aux plus grandes célébrités et donne le coup d’envoi des festivités.
Le festival c’est quoi ?
Le festival a pour président du jury une star reconnue dans le métier : Jean- Jacques Annaud (2005), Roman Polanski (2006), John Malkovitch (2010) ou encore Emir Kusturica (2011) entre autres.
Le festival, c’est un honneur aux grands de cet art, des hommages rendus à chaque édition : Omar Sharif (2001), Martin Scorcese (2002), Alain Delon (2003), Youssef Chahine (2004) mais aussi Mustapha Derkaoui (2007) ou Abderrahmane Tazi (2010). Le festival, c’est aussi une bonne école pour les futurs cinéastes. Des master class sont donnés par les “maîtres” : Emir Kusturica, Martin Scorcese, Jim Jarmush, Francis Ford Coppola ou encore les frères Dardenne ont eu l’occasion d’offrir aux étudiants et au public de Marrakech de traverser l’écran, de discuter avec eux et de voir le cinéma autrement, et d’en décortiquer le processus de fabrication et de réalisation. Le festival c’est l’occasion de mettre à l’honneur un pays. Après le Maroc, l’Espagne, l’Italie, l’Égypte, la Grande-Bretagne, la Corée du Sud et la France, le festival rendra hommage au cinéma mexicain cette année. Le festival, c’est honorer notre cinéma local également. Cette année, le Maroc ouvrira le bal avec l’"Amante du Rif" de Narjiss Nejjar et c’est "Death for Sale" de Faouzi Bensaïdi qui sera à l’honneur à la clôture. Une façon de rendre hommage au cinéma national, à sa richesse et sa créativité.
Edition 2011 : honneur au Mexique
Le Mexique, ce pays si méconnu sur le plan cinématographique. Au-delà des séries mexicaines doublées qui passent sur nos chaînes locales, le cinéma mexicain a bien d’autres productions de qualité à nous offrir. Sachant allier avec brio grandes productions et cinéma d’auteur exigeant, l’industrie cinématographique mexicaine a plus d’un tour dans son sac. Et une particularité
Tourné en partie à Marrakech, même si Orson Welles n’appréciait que moyennement la ville ocre.
Il a fini son tournage à Essaouira. Un film présenté à Cannes sous les couleurs marocaines.
Sex and the City 2 - Michael Patrick King
Une histoire censée se passer aux Emirats Arabes-Unis. C’est suite à un refus des autorités locales que la production s’est retrouvée à Marrakech. Un tournage qui aurait choqué certains conservateurs.
L’anniversaire - Diane Kurys
La réalisatrice a trouvé ce coin si beau qu’elle a avoué : “ Il suffisait de laisser tourner sa caméra ”.
Des acteurs portés par l’environnement et la chaleur qui allait avec. Impec pour le sujet.
La source des femmes de Radu Mihaileanu
Présenté au dernier Festival de Cannes. Le réalisateur a cherché à capter l’ocre de la terre, de la montagne et des maisons, ainsi que la couleur cuivrée des visages.
Le plus primé - SUR LA PLANCHE de Leïla Kilani
L’histoire de quatre filles, d’amour et de destins brisés. Un film noir sous les auspices conflictuels du
rêve du mondialisme. Huit nominations et deux prix pour cette fiction.
Le plus surprenant - THE END de Hicham Lasri
The End ne laisse personne indifférent : un film en noir et blanc, sans musique, et avec le plus long
plan séquence de l’histoire du cinéma marocain. Une réalisation mélancolique.