Mezouar plébiscité par le conseil national
Tant attendu, le conseil national du Rassemblement national des indépendants (RNI) a eu lieu à Marrakech le week-end dernier, malgré les tentatives de Mustapha Mansouri, le président élu lors du quatrième congrès en 2007, d'en empêcher la tenue par voie judiciaire. En effet, Mustapha Mansouri, qui a saisi la Cour d'appel de Rabat pour demander la prononciation de l'illégalité de ce conseil national, a été débouté.
Plus de 600 membres du RNI se sont retrouvés à Marrakech pour prendre par à un conseil national, auquel a appelé le mouvement réformateur dirigé par Salaheddine Mezouar, qui tournera une autre page de l'histoire du parti de la colombe. Conseil qui s'est déroulé avec un ordre du jour d'un congrès national puisqu'il a abouti, après une longue journée d'attente, truffée de rebondissements, à l'élection, par vote secret, d'un nouveau président du RNI, Salaheddine Mezouar.
La majorité des participants ont admis que la journée du samedi 23 janvier consacrée aux travaux du CN a été abondante en évènements, faits et surprisesÉ à tel point qu'ils l'ont qualifiée de « journée historique dans la vie du parti ». Depuis 9 heures du matin, plusieurs participants étaient déjà sur les lieux du Palais des congrès de Marrakech qui a abrité les travaux du conseil national du RNI. Ils étaient invités à décliner leur identité pour permettre aux huissiers de justice, qui étaient présents, d'assumer leur responsabilité. Ils avaient à s'assurer de deux choses. D'abord que le nom de chaque participant figurait bel et bien sur la liste des membres du conseil national et aussi, de voir si le quorum était atteint. Cette opération s'est déroulée sans incidents même si les précautions prises sur le plan sécuritaire pour parer à toute éventualité. Les yeux étaient braqués sur quelques partisans de Mustapha Mansouri qui avaient, eux aussi, fait le déplacement à Marrakech pour participer aux travaux de cette rencontre partisane. « Nous sommes là à la demande de Mustapha Mansouri qui nous a suggéré d'y assister pour transmettre un message essentiel. C'est que l'unité du parti doit prévaloir avant tout », nous a expliqué Mohamed Bouhriz, membre du bureau exécutif et l'un des militants qui ont défendu la cause de Mansouri jusqu'au bout.
Parmi les autres membres du bureau exécutif du RNI, qui n'avaient pas adhéré au mouvement réformateur mais qui sont venus assister au conseil national, figurent Abdelkader Salama, Najima Tay TayÉ A 11 heures, les dirigeants du parti se sont alignés sur l'estrade alors que les autres militants ont occupé les sièges de « la salle des ministres » au Palais des congrès. C'était le démarrage des travaux du conseil national. L'ancien ministre du Tourisme, Mohamed Boussaid, micro baladeur à la main, a campé le rôle d'animateur en donnant la parole aux uns et aux autres dans le cadre du début des travaux. Il a aussi annoncé que le nombre des membres du conseil national avait dépassé, au départ, les 550 membres « ce qui dépasse de loin le quorum exigé », a-t-il constaté. Ensuite, l'animateur de cette rencontre a désigné la présidence du conseil national qui est revenue à Maâti Benkadour. Ce dernier a été épaulé par présidents-adjoints, dont Mohamed Bouhriz, et des rapporteursÉ Le président du CN commença par donner la parole à Salahddedine Mezouar, qui avait la casquette de « coordonnateur exécutif ».
A 11h 30, Salahddedine Mezouar s'est mis à lire un rapport, long d'une cinquantaine de pages, au nom du bureau exécutif. 90 minutes où le candidat tout désigné à la présidence du parti a passé en revue plusieurs questions. Mezouar évoquera la question du Sahara et la position du RNI à cet égard. Il rappelé le déroulement du quatrième congrès du RNI, les promesses avancées par Mustapha Mansouri pour arriver à l'émergence du mouvement réformateur « après le gel des mécanismes de la démocratie interneÉ », a-t-il relevé. Il a décrit dans ce cadre l'importance du mouvement réformateur et le contexte dans lequel il a été créé. Il est revenu beaucoup plus en arrière en citant l'année 1983 et l'élaboration des idées référentielles du RNIÉ de même qu'il n'a pas manqué de présenter les grandes lignes de la vision que propose le mouvement réformateur. Après le discours de Salaheddine Mezouar, Maâti Benkadour donnera la parole à Hafidi Alaoui qui s'appesantira sur le volet juridique et la légalité pour élire un nouveau président, en lieu et place de Mustapha Mansouri. Cependant, il s'est contenté de faire les éloges de Mezouar et a estimé qu'il devrait être le nouveau président. Le président du conseil national a quand même précisé que cela devait passer par une procédure et a invité Mohamed Aujjar d'apporter plus d'éclaircissements. Ce dernier n'a pas, non plus, évoqué la procédure légale à suivre et a appelé, de son côté à choisir Mezouar comme le successeur d'Ahmed Osman et de Mansouri. Maâti Benkadour précisera que cela doit d'abord passer par la destitution de Mustapha Mansouri. Le vote s'est passé par acclamation et le brandissement de la main des membres du conseil national. Puis, il a demandé de passer à l'élection du nouveau président.
A ce moment là, Mezouar était le seul et unique candidat, le vote s'est passé par acclamation et la levée de la main. « Ceci s'est fait dans un climat d'enthousiasme faisant oublier tous les principes avancés de démocratie interne et de rompre avec les méthodes anciennes », a dénoncé un militant. Mais, il n'était pas le seul. Un jeune membre du CN créera l'événement, en appelant à l'impératif que l'élection ait lieu dans les règles de l'art. Stupeur dans la salle. Au point que cela a mis dans l'embarras les membres du mouvement réformateur. Rachid Sassy par se présentera en rival de Mezouar, malgré les tentatives de certains membres de l'en dissuader. Passé l'orage, le calme reprendra ses droits et les urnes et les isoloirs seront de la partie. Le candidat nous dira, après, qu'il était sûr de ne pas avoir de voix, mais que son acte était pour sauver la face de la démocratie interne. Le vote secret remplacera l'applaudimètre. Vers 15 heures, l'opération votative commence.
Aux alentour de 16h 20 , les « chefs de bureau » sont passés au comptage des voix. Résultat : 567 voix pour la destitution de Mansouri, 34 contre et 19 abstentions. Juste après, c'était autour de l'élection du nouveau président. Au finish, Mezouar est, sans surprise, élu à la tête du parti avec 610 voix contre dix pour le jeune Sassy. Dimanche, le nouveau président tiendra sa première conférence de presse où il déclinera les lignes de l'action à mener. On retiendra, à ce propos, les aspects relatifs à la communication du parti, à l'installation des sections parallèles, mais aussi il abordera la question des alliances. D'ores et déjà, le nouveau patron du parti de la colombe déclare qu'il entrera en contact, dès cette semaine, avec les directions du PAM et de l'USFP.De même qu'on retiendra l'annonce de Mezouar que Mansouri sera le candidat de sa formation pour la présidence de la première chambre.