En 1934, alors qu'Alfred Hitchcok vient de finir le tournage de son 25° film, l'intérêt du réalisateur se porte sur un scénario composé par un groupe de britanniques appartenant au milieu du cinéma, c'est le commencement de l'homme qui en savait trop. L'histoire nous emmène à St Moritz, dans les montagnes suisses, là où un couple de vacanciers anglais et leur fille se trouve mêlés malgré eux à un complot international, dans lequel les ravisseurs kidnappent leur enfant. Tourné en noir et blanc, ce premier volet marqua profondément le réalisateur, à tel point qu'il décida d'en faire un remake en 1956.
L'homme qui en faisait trop
En 1935, un an après la sortie du film, les cinémas ont projeté pour la première fois un film en couleur, c'était Becky Sharp de Rouben Mamoulian. Cet événement n'a pas seulement du bouleverser le cinéma, puisque le réalisateur ne put s'empêcher de retourner le film en couleur. Comme A. Hitchcock le dit lui même, « La première version a été faite par un amateur de talent tandis que la seconde l'a été par un professionnel. » Il lui fallait donc tout mettre en œuvre pour atteindre la perfection.
Pour que le spectateur en prenne plein les yeux, il fallait lui montrer les plus belles couleurs du monde. Plutôt que de repartir dans les Alpes, le réalisateur chercha un lieu beaucoup plus exotique, Marrakech. A quelques différences près au niveau des personnages ou des lieux, le scénario était le même.
Dans le film de 1956, Hitchcock a mis tout son talent en œuvre pour faire culminer son art. Lui pour qui chaque détail avait son importance, ne priva pas le spectateur de la beauté de la ville. Autant au niveau des plans que des personnages, des seconds plans que des seconds rôles, ce film fascine encore son auditoire.
Un regard hichcockien sur Marrakech
Le réalisateur a du tourné de nombreuses scènes dans la médina, à bab Doukkala et surtout au milieu de la place Jemaa el Fna, où il filme chacun des exposants, conteurs, charmeurs de serpents, acrobates, dressant un portrait transcendant du folklore de l'époque.
On note particulièrement un trucage des années 50, lors d'une scène au clair de lune où la Koutoubia parait de façon démesurée.
Le film se poursuit par une balade en calèche dans les rues de la ville, pour arriver à l'hôtel La Mamounia. Ce film nous permet de voir les salles majestueuses ainsi que le luxe apparent des chambres qui était déjà bien présent, ainsi que les jardins luxuriants dont on dit que les oiseaux ont inspiré le réalisateur pour un de ces futurs films.
Après La Mamounia, les personnages se retrouvent dans un salon de Dar Essalam, un ancien palais de la médina converti en restaurant.
On y voit également une furieuse course poursuite, où un américain déguisé en marocain est pourchassé par une horde de policiers. Cette traque nous fait faire un tour effréné des souks, notamment celui des tanneurs que l'on reconnaît aisément, mais aussi de Riad Zitoune ou de la Medersa. L'homme en question y est assassiné, avant de tomber dans les bras du héros et de lui murmurer quelque chose à l'oreille, faisant de lui l'homme qui en savait trop.